La Gazette De Bali



L’ubud writers festival frappe encore


Qui sont donc ces « Dangerous Women » ? Femmes écrivains passionnées, esprits aiguisés au parler vrai, la langue bien pendue et culottée, ainsi de la Népalaise Sushma Joshi, seule femme journaliste pendant le conflit civil où plus d’une fois elle avoue avoir eu chaud aux fesses. Lee Su Kim, auteure malaisienne de « Nyonya au Texas » dénonce de son côté, non sans humour, l’ignorance des Américains qui lui demandent si chez elle on vit « encore dans les arbres » et si elle « descend d’une tribu », à quoi elle répondra en riant sous cape que oui elle descend « de la tribu des Nonyot » (parties intimes). Shamini Flint originaire quant à elle de Singapour, la peau sombre et d’un humour hilarant, ancienne avocate d’affaires, quitte l’entreprise quand elle constate que « les plus grands malfaiteurs sont les avocats eux-mêmes. » Elle prend la tangente et utilise son savoir du milieu judiciaire pour écrire... des polars. Elle y dénonce les incohérences de la législation et son 2ème livre s’inspire de Bali : « Inspector Singh Investigates : A Bali Conspiracy ».

Les rêves d’un gosse du ghetto ont inspiré Vikas Swarup, un nom difficile à mémoriser qui est pourtant devenu synonyme de succès, dont l’équation se résume à 2 mois, 42 langues, 8 Oscars. En deux mois effectivement, ce diplomate d’origine indienne posté à Londres, va écrire « Q&A » (Questions & Answers), son premier livre. Un beau record, surtout quand on sait qu’il va être traduit en 42 langues, preuve que le thème du gosse des rues devenu millionnaire nourrit l’imaginaire de toutes les cultures. Le livre deviendra un film : “Slum Dog Millionnaire” qui ratisse 8 oscars... Vikas se considère comme un « raconteur d’histoires » dont le message essentiel est qu’il importe moins de savoir d’où l’on vient que vers quoi on va...

Savoir où il va est le cas du florentin Marco Calvani, 28 ans, venu présenter sa pièce « The City Beneath » (La ville en dessous) et qui utilise le théâtre comme élément fondamental des besoins humains. Calvani est convaincu que « les gens cherchent d’abord nourriture et abri, et sitôt fait, ils veulent raconter leur histoire. » C’est là que commence le théâtre.

Raconter sa propre histoire ou celle des autres, les biographes Jamie James et Jennifer McKenzie se sont penchés sur ce Je(u) est un Autre. L’an dernier, Jamie James nous transportait dans l a j u n g l e ave c s a b i o g r a p h i e d u « S n a k e Charmer », cette fois il se lance sur les traces de « l ’ h o m m e a u x semelles de vent », a l i a s Ar t h u r Rimbaud, une enquête qui le conduit en France. « Il faut être absolument moderne », s’écriait le poète dans les dernières lignes de « Une Saison En Enfer » et « Absolument Moderne » sera le titre de cette bio encore inachevée et très attendue. Quant à Jennifer McKenzie, elle n’a pas hésité à remonter au IXème siècle à la recherche de l’architecte de... Borobudur ! Son enquête, commencée en 1975, s’est poursuivie par des voyages, de l’écriture et des recherches et fait songer aux « Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar qui recréa à la première personne la voix d’un empereur du 3ème siècle, pas un mince exploit... Ce qui permet de juger de la belle qualité du présent festival malgré les critiques, mmmmh...

La cerise sur le gâteau pour finir, avec le toujours très attendu concours « Poetry Slam » qui rassemblait près de 30 poètes de 11 à 78 ans, tous frappeurs de (bons) mots en deux minutes chrono (gong !) face à 5 juges (ndlr : dont votre petite rapporteuse) impitoyables et incorruptibles, ahah... La palme revint à l’artiste australienne Kerry Pendergrast-Pranoto qui dans une envolée comique à la vision futuristique d’un Festival « Global-Yoga-Writers- Earth Day-Meditation » . Ici on sait rire de soi !

Marie Bee

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